J’aime bien regarder les gens dans les musées. Ils sont comme hors du temps. Ils prennent de belles attitudes, de beaux gestes. Le monde continue à s’emballer, mais eux sont dans leur contemplation. En retrait. Modestes. Ce qu’ils regardent semble les inonder.
Le décor est planté. A vous de vous y frayer un chemin. La photo comme scène où le spectateur prend place. Devient acteur. Acteur de sa propre histoire, de sa propre imagination.
La photo n’est plus fraction de seconde mais durée. S’oublier dans le regard. Laisser l’instant nous pénétrer, nous inspirer, nous rendre beaux. Regarder demande du temps. Regarder, c’est s’accorder du temps, se donner du présent. Mettre du temps dans les photos plutôt que saisir l’instant.
Ici ni nostalgie, ni « instant décisif » appartenant irrémédiablement au passé. Juste des images à regarder pour y vivre « son » présent. A chacun d’y trouver sa place et de s’y installer, le temps qu’il voudra, parmi d’autres acteurs/spectateurs.
Souvent, je photographie des espaces vides, inhabités. Peut-être pour permettre aux spectateurs de les investir, de s’y perdre, d’entrer dans leur propre présent et de se laisser inonder par lui. On arrête la course. Ça fait du bien. »