Sharer, liker, forwarder, partager… du vide, du narcissisme, des private jokes. De la banalité. Parler avec son ado, qui pourtant recherche plus qu’avant les échanges avec ses parents, revient souvent à “Regarde, maman, wouarf wouarf wouarf!” devant un écran d’Ipod qui montre deux mecs péter. Bref, je relaie malgré moi du réseau social au lieu d’entamer une conversation. C’est que la capacité à se
mettre en scène dans les réseaux sociaux est critique pour s’affirmer aujourd’hui, là où autrefois l’ado se construisait en s’opposant à ses parents*.
Partager, oui mais quoi?
Mais passé l’adolescence? Quelle excuse valable pour ce partage continu de normalité ? Regardez, je suis comme vous, je fais tout comme tout le monde, et je le montre. Et après? Partager devient le but en soi, même s’il n’y a rien à partager. Et moi, ça m’emmerde un petit peu d’être le relais de rien; ça sent même vaguement le mal de vivre. A l’heure où même les marques comprennent que le contenu est essentiel, on devrait tous se montrer moins paresseux et plus imaginatifs. Et se souvenir, lors de notre 200ème connection web de la journée, de ce que disait Blaise Pascal au 17ème siècle : « Je vous écris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en écrire une courte ».
* Enquête Ipsos Santé auprès de 822 + de 24 et 807 ados dans le cadre du forum adolescences 2012 de la fondation Pfizer.